Douarnenez : Une ville en déclin ?
Douarnenez, ville historiquement ouvrière tournée vers l'activité de pêche et de conserverie vit de multples transformations.
La désindustrialisation a de multiples conséquences structurelles sur la ville : une baisse importante du nombre d'habitant-e-s, un âge médian de la population qui ne cesse d'augmenter et un taux de chômage plus haut que la moyenne nationale.

Le paradoxe du logement à Douarnenez.
Douarnenez, dont les atouts ont toujours attiré les baigneurs, voit depuis quelques années une reprise de l'activité touristique et du marché de l'immobilier.
Alors que le revenu médian des habitant-e-s reste bas, le prix de l'immobilier augmente ces dernières années.
Doté d'un nombre de logements vacant élevé, d'un taux de logements précaires et insalubres important, la tension est palpable.
(Ce paradoxe apparent "déclin économique et augmentation des prix de
l'immobilier” va à l'encontre de la volonté politique affichée des différentes municipalités de lutter contre le dépeuplement structurel de la ville. Si certain-es habitant-es, aux revenus modestes, ressentent une difficulté croissante à se loger, la tension récente du marché de l'immobilier démontre la possibilité
d'investissement pour d’autres. Le taux de résidences secondaires, même s'il reste bas comparativement à d’autres villes du littoral breton, a doublé en 50 ans.

Inaccessibilité des logements et gentrification touristique.
Les offres de biens immobiliers à Douarnenez sont limitées : les projets d'achat, qu'ils soient pour l'installation, la location annuelle, la résidence secondaire ou la rente touristique entrent donc en concurrence. L'asséchement des offres de logements annuels détournés vers le locatif saisonnier favorise la spéculation et par capillarité, la hausse des prix de l'immobilier, à l'achat comme à la location. Lorsque les prix de l'immobiher ne sont plus fixés selon les capacités financières des habitant-e:s mais selon celles des résident-es secondaires et des investisseurs métropolitains, alors il devient impossible pour les premiers, d'accéder au logement à l’année.
Pour contrer ces effets, nous devons produire de l'analyse, trouver des leviers, des formes de contrôle et de réglementation. Parallèlement, il nous faut nous constituer en réseau, trouver des formes d'organisation, de solidarité locale et populaire.
Le tourisme est souvent considéré comme une porte d'entrée sur le territoire favorisant une future installation. Alors pourquoi ne pas imaginer des hébergements temporaires qui ne soit ni prédateurs ni facteurs d'inégalité pour les populations accueillantes?
La mise en tourisme, une conséquence de la désindustrialisation ?
À la fin du 19ème siècle, les premiers touristes, artistes et aristocrates, découvrent Douarnenez. L’urbanisation industrielle, les odeurs de friture et la pauvreté de la population seront des freins à sa mise en tourisme. Les baigneu-r-se-s se presseront à Tréboul, moins populeuse et industrialisée.
La construction distincte de ces deux aires urbaines - Douarnenez l’industrielle et Tréboul la touristique - continue de structurer la répartition sociale et urbaine de ces villes aujourd’hui réunies administrativement.
Depuis une dizame d'années, par espoir de retombées économiques, la municipalité de Douarnenez mise sur le développement du tourisme à travers des campagnes publicitaires, des travaux de réhabilitation importants sur une partie de la ville et de projets de création d'équipements.
Le passage d'une mono-activité industrielle à une mono-activité touristique est-elle souhaitable?

Habiter le littoral : Pour une ville qui reste vivante, habitée et populaire.
Malgré la crise économique, la ville a produit dans son histoire de nombreux logements ouvriers et populaires, permettant une diversité sociale jusque dans son cœur historique et touristique.
Il existe une MULTITUDE de devenirs urbains des espaces touristiques, de la ville touristique organisée autour de multiples activités, populations et pratiques à la station dominée par le tourisme. Certaines stations peuvent devenir villes mais des villes en crise peuvent être subverties par le tourisme, perdre en diversité des équipements et se désertifier.
Nous souhaitons questionner les évidences du développement territorial et de l'efficacité du marché de l’immobilier à produire naturellement une amélioration harmonieuse des conditions de vie. Sans contrôle, sans politique sociale de l'habitat et forme de contre pouvoir de la part des habitant-ess, les projets de rénovation urbaine peuvent s'accompagner d'une accélération des inégalités sociales et spatiales.
La longue rénovation nécessaire du port du Rosmeur (voirie et gestion des eaux) s'est accompagnée d'un ensemble de mesures répressives et desctructrices: démolition de la cabane des plaisanciers; interdiction de la pêche de loisirs et de l’accès au Mur de la honte; interdiction formalisée de la baignade...
Pour une politique sociale de l'habitat, pour une ville démocratique et solidaire, pour une ville accueillante à toutes les formes de mobilités et de migrations choisies ou subies, sans limiter notre hospitalité à des touristes réduits à des «paniers moyens» et des «capacités financières».
Recherche Action ?
Une RECHERCHE qui vise à objectiver des ressentis relatifs à un processus de gentrification à l'œuvre dans le centre-ville de Douarnenez. À partir d'analyses qualitatives des usages commerciaux et des espaces publics (observations, entretiens...) ainsi que d'analyses quantitatives de l’évolution du logement à Douarnenez (résidences secondaires, locations
touristiques, évolution de l'offre et des prix de limmobilier.…), l'enjeu sera d’expliciter la réalité de ce processus et de sa corrélation avec le développement du tourisme.
Des ACTIONS car nous considérons qu'en nous organisant collectivement, en interpellant les pouvoirs publics, en créant du lien avec d’autres collectifs vivant des problématiques similaires, l'émergence de solutions est possible. Cette recherche-action est menée par des habitants de Douarnenez bénévoles.
Elle est accompagnée par l'association APPUII et un conseil scientifique composé de : Laura Seguin (IRSTEA Montpellier), Gwendal Simon (Univ. Paris
Est), Thomas Aguilera (Sciences Po Rennes), Khedidja Mamou (ENSA Montpellier), Marc Monneraye (MDSL) et Clément Marie dit Chirot (Univ. Angers). Elle est soutenue financièrement par la fondation "Un monde par tous”.
