Douarnenez : le collectif droit à la ville Dz présente publiquement sa recherche-action

Article publié le ven 26 juin
réunion publique du 17 février 2020

Lundi 17 février, au Port-Musée de Douarnenez, le collectif Droit à la ville Dz présentait sa recherche-action portant sur les processus de « touristification » de la ville. Comptant près d’une centaine de personnes, la soirée a permis de revenir sur le sens de cette démarche et proposer au public de s’y associer. Deux autres collectifs, de Groix et de St-Malo, ont également témoigné des problématiques proches qu’ils rencontrent sur leur territoire.

Issu du site d'Appuii

Objectiver et agir sur les processus de « touristification »

La soirée a duré un peu plus de deux heures. La première heure était dédiée spécifiquement à la présentation de la recherche-action. Ce collectif, composé d’une dizaine d’habitants du centre-ville de Douarnenez, est une émanation de Douarnenez 2050. Sa volonté est de reprendre de la capacité à décider collectivement sans attendre les différentes échéances électorales.

La recherche-action vise donc à objectiver et à agir sur les difficultés de logement auxquelles les habitants font face. En effet, les habitants ont le sentiment que le développement touristique se fait contre eux à travers un appauvrissement de l’offre de logements abordables[1] et de qualité, mais également par le développement d’une offre de services ne répondant pas nécessairement aux usages locaux.

 

Après un premier état des lieux du logement sur la ville, réalisé à partir d’études statistiques et d’entretiens avec différents acteurs institutionnels, le collectif constate un véritable paradoxe. La ville est en déclin, elle perd régulièrement ses habitants, alors même que les prix de l’immobilier augmentent rapidement (+10% – 15% par an). Les phénomènes observés ne sont pas nouveaux, mais ils se renforcent actuellement par le renforcement de l’attractivité de la côte finistérienne dans un contexte de changement climatique. En effet, la Bretagne reste préservée des phénomènes caniculaires.

La démarche vise à articuler des échelles géographiques distinctes, en inscrivant les transformations de Douarnenez dans des phénomènes plus globaux (économie et changement climatique).  Il s’agit également d’articuler le temps court de la vie quotidienne et le temps long historique. Outre l’observation des phénomènes en tant que tels, l’enjeu est d’étudier les outils juridiques et institutionnels existants, mais aussi les formes d’organisations collectives et les pratiques non institutionnelles pour envisager des solutions et des pistes d’actions. L’analyse se focalise particulièrement sur le centre-ville de Douarnenez, mais sera mise en perspective avec d’autres quartiers de la ville. Par ailleurs, à travers la rencontre avec d’autres acteurs engagés dans des territoires avec des questions proches en Bretagne, en France, mais aussi à l’échelle européenne, l’ambition sera d’identifier les particularités des évolutions de Douarnenez.

Dans cette dernière perspective, deux collectifs de l’Ile de Groix, située au large de Lorient et de St-Malo, témoignent pendant cette soirée des difficultés auxquelles leurs villes sont confrontées.

Groix, St-Malo,… des processus qui touchent une grande partie de la côte bretonne

À Groix, plus de 50% des résidences sont secondaires dans une île où les possibilités de construction sont difficiles. Depuis quelques mois, des habitants de l’île se regroupent pour trouver des solutions face aux difficultés qu’ils ont à se loger. En effet, face à la saisonnalité, ils doivent régulièrement changer de logements pour laisser place aux touristes. Les insulaires se retrouvent par ailleurs souvent dans des logements insalubres. Leur ambition : faire du logement une véritable question qui n’est aujourd’hui pas inscrite au débat public.

À St-Malo, le collectif « St-Malo j’y vis, j’y reste » se compose de 50-60 personnes dont quelques hôteliers. Il se mobilise contre la mise en tourisme de St-Malo, notamment en luttant contre les dérives d’Airbnb. En effet, 10% des logements sont loués sur la plateforme et les prix de l’immobilier flambent avec une augmentation de plus de 20%.  St-Malo perd ses habitants et il devient difficile de trouver du logement à l’année. Le collectif souhaite interpeller les candidats aux élections municipales, mais également les touristes et les investisseurs sur les formes de tourisme souhaitées.

 

Ces mobilisations confirment des tendances de mise en tourisme observables dans d’autres territoires portuaires (ex de Sète). Les processus de gentrification que l’on considère souvent uniquement dans les pôles urbains touchent aujourd’hui des villes moyennes et rurales. Ces nouvelles problématiques doivent être comprises précisément pour y faire face. C’est tout l’enjeu de la recherche menée par le collectif Droit à la ville DZ.

Si vous souhaitez plus d’informations sur le projet : droitalavilledz@gmail.com