Douarnenez, « l’apparent paradoxe » du logement

Article publié le ven 26 juin
douarnenez le telegramme

Avec treize autres organisations, le collectif Droit à la Ville Douarnenez participe à la campagne « Faire ville avec les habitants », en vue de peser dans la réflexion pour le second tour des municipales. Explications avec Maxime, un de ses porte-paroles.

 

Article publié sur le télégramme du 21 Juin 2020

Qu’est-ce que le collectif Droit à la Ville Douarnenez ?

C’est un collectif qui s’est constitué il y a quelques mois et qui s’est lancé dans un projet de recherche, action, participation. Un groupe d’habitants d’un territoire soulève une problématique et essaie d’y répondre par la mobilisation et l’action.

 

Quelle problématique soulevez-vous ?

La problématique structurelle du logement. Il y a un manque de logements que nous essayons de mettre en parallèle avec la mise en tourisme du territoire. L’habitat douarneniste est assez précaire, délabré énergétiquement. Et il est mis en concurrence par les logements destinés à l’économie touristique. De plus, le logement à Douarnenez a un taux de vacance élevé (11 %).

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Vous recherchez des témoignages n’est-ce pas ?

C’est un projet qui se fait par la rencontre, l’enquête et l’entretien avec les Douarnenistes. Nous avons réalisé une série d’entretiens avec des commerçants, des habitants de logements sociaux, des acteurs de l’art et de la culture, du monde associatif. Là, nous souhaitons entrer dans une phase axée sur les récits de galères de logement.

Donnez-nous un exemple.

Beaucoup de gens nous racontent qu’ils ont du mal à trouver des locations ou à accéder à la propriété. Certains sont même partis de Douarnenez car ils n’arrivaient pas trouver ou que leur loyer avait drastiquement augmenté. Beaucoup sont contraints à accepter des baux de septembre à juin pour laisser la place aux touristes l’été. Cela crée des situations très précaires, particulièrement pour les familles.

Une politique libérale de laisser faire dans le cadre d’une économie de marché a peu de chance de produire autre chose que des inégalités.

Le tissu social douarneniste en est inexorablement ébranlé.

Tout à fait. Cette problématique à Douarnenez est d’autant plus forte que la ville est structurée par des habitants des milieux populaires. Il y a encore 30 % d’ouvriers parmi les actifs. Le taux de pauvreté y est relativement élevé. Le niveau de vie, le revenu médian stagnent depuis plusieurs années, la population diminue mais les loyers continuent à augmenter. C’est la plus grosse hausse de tout le Finistère-Sud en 2019 sur les ventes : + 8 %. Cela se répercute sur le prix du locatif. Il y a cet apparent paradoxe d’une ville populaire avec des revenus plutôt faibles et un marché de l’immobilier qui explose.

Quelle hypothèse soumettez-vous ?

Nous nous demandons quel est le rôle de la mise en tourisme du territoire dans cette situation, du développement du territoire autour d’une mono activité touristique, dans la perpétuation d’inégalités sociales et spatiales dans la ville. Une politique libérale de laisser faire dans le cadre d’une économie de marché et de concurrence des territoires a peu de chance de produire autre chose que des inégalités.

Votre démarche est politique ?

Toute démarche qui essaie d’agir sur sa réalité extérieure est évidemment politique. Après si votre question est : "Est-ce qu’on est lié à une liste ou une autre ?" Ma réponse est : non.